LA TÊTE LÉGÈRE ET L’ESPRIT ÉVEILLÉ

Se détendre aussi complètement que possible.

Maintenir votre tête droite mais sans raideur et sans rigidité comme suspendue par un fil. Relâcher les muscles du visage. Eviter la raideur du cou , celui-ci doit être librement mobile et prêt à tourner dans toutes les directions.

Conserver l’attention sereine et éveillée. Ecarter de l’esprit toute pensée autre que celle se rapportant à la prise de conscience de chaque mouvement.

SENTIR LE MOUVEMENT

Chaque mouvement naît, se développe, décline et n’est pas séparé de celui qui le précède ni de celui qui le suit; il est partie intégrante d’un mouvement plus vaste qui se déploie sans rupture, tel un flot continu.

La pratique du Qi Gong permet de percevoir et d’équilibrer notre dynamisme vital intérieur et extérieur. Elle nous met en relation avec le grand cycle de la vie et nous aide à conduire l’énergie sans effort dans la stabilité.

Le premier mouvement que réalise un débutant contient déjà toute la pratique. C’est pourquoi sentir le mouvement ne dépend pas simplement de la difficulté technique de l’exercice.

C’est un état d’attention, d’ouverture et de calme. La constance de la pratique développe cette présence à soi-même.

Sur la base des principes du Qi Gong, le mouvement apparaît non pas comme une recherche de performance mais devient au contraire, le support qui permet de développer la stabilité, d’enrichir la créativité, de s’ouvrir plus largement à soi-même, aux autres et à l’espace.

LA VISION CHINOISE DE L’HOMME

L’originalité de la pensée chinoise réside dans sa vision de synthèse du cosmos. L’être humain, en particulier, ne vit pas séparé du reste de l’univers, mais en harmonie avec lui. Du macrocosme au microcosme les mêmes lois régissent la vie et la mort et expriment le principe universel :
le TAO

Le TAO 

Le tao (la voie) est à l’origine de toute chose (chaos primitif). Il est toujours en mouvement. Le taiji (faîte suprême) est le commencement du commencement lors du mouvement du tao. Le yin et le yang naissent du taiji :

« Le tao a donné naissance
à l’un, l’un à deux, le deux à trois
Le trois aux dix mille objets
qui portent le yin et embrassent le yang
Doivent leur harmonie à la fusion des deux »
Tao Te King    Lao Tseu

Le YIN et Le YANG

Le yin : principe féminin, terre, obscur, repos, côté sombre de la montagne
Le yang : principe masculin, ciel, lumière, côté éclairé de la montagne
sont les deux faces d’un même ensemble.
Opposition et complémentarité, relativité et mouvement sont les caractères fondamentaux du yin/yang qu’il ne faut jamais perdre de vue quand on aborde leurs aspects spécifiques. Par exemple, le yang est chaud et le yin est froid, mais l’un par rapport à l’autre et non dans l’absolu. Ils illustrent le dynamisme des contraires.

« A l’origine le qi (souffle) 
a commencé par se différencier
en un souffle pur et léger,
le yang, qui est monté et a fait le ciel,
et un souffle opaque et lourd, 
le yin, qui est descendu et a fourni
la terre. Le propre du ciel
est d’être pur et mobile,
Celui de la terre est d’être opaque et stable. »

Le QI

La description la plus ancienne de la théorie du souffle (qi) se trouve dans le HuangDi nei jing : le livre de l’interne de l’empereur Huang Di    ( 475 – 211 av.JC, période des royaumes combattants)

Tout au long du nei jing :
il est préconisé de cultiver le corps et l’esprit
pour obtenir  » le vrai souffle » ( énergie véritable : zhen qi)
qui est la combinaison du « souffle originel » (énergie ancestrale :yuanqi )
et de l’énergie essentielle ( zong qi ).
L’énergie essentielle est elle-même la réunion de qing qi, l’énergie de l’air, et de gu qi, l’énergie des aliments.

L’énergie nutritionnel (ying qi) se charge de maintenir la vie dans l’organisme en assurant la nutrition de tous les aliments à travers le sang et les méridiens.
L’énergie défensif (wei qi) prévient principalement de l’énergie essentielle, son rôle est de protéger la surface du corps en s’opposant aux agressions extérieurs d’agents pathogènes. 

La circulation de l’énergie véritable se fait à travers les jing luo : les méridiens d’acupuncture. Ces jing luo ne sont évidemment pas constitués de tissus organiques, ils sont immatériels.

 Les MERIDIENS

Il existe douze méridiens principaux qui communiquent directement avec les organes et les entrailles.
Les méridiens en relation avec les organes ( zang ) et qui parcourent la face interne des membres sont yin. Ceux en relation avec les entrailles 
( fu ) et parcourant la face externe des membres sont yang.
Les organes poumons, rate, cœur, rein, et foie sont yin.
Les entrailles gros intestin, estomac, intestin grêle, vessie, vésicule biliaire sont yang. Il existe six paires de relation de concordance entre l’extérieur et l’intérieur :

1. poumons > gros intestin
2. estomac > rate
3. cœur > intestin grêle
4. vessie > reins
5. péricarde > triple réchauffeur
6. vésicule biliaire > foie

Il existe deux méridiens dits de fonction : le triple réchauffeur, yin, lié aux trois foyers ( supérieur, moyen et inférieur) et le méridien du maître du coeur, le péricarde, yang, qui  est  en relation avec le coeur.

En commençant par le méridien des poumons de la main ( yin ), les méridiens se relient successivement les uns aux autres et finissent au méridien du foie du pied ( yin ).Le commencement et la fin se rejoignent, comme un cercle sans extrémité.

Il existe aussi huit méridiens curieux qui ont leur propre voie.
Deux des plus important sont le  » méridien gouverneur »(dumai) et le « méridien directeur »(renmai).
Le méridien gouverneur contrôle tous les méridiens yang
Le méridien directeur contrôle tous les méridiens yin.

La circulation de l’énergie interne dans les méridiens est un phénomène normal et naturel. Si les méridiens sont gênés, l’homme tombe malade. Les méthodes de QiGong ont pour but de régulariser la circulation et le drainage des méridiens.

La théorie du yin et du yang ne fut pas la seule méthode dont les Chinois de l’antiquité disposaient pour interpréter le monde. Une autre conception émergea, selon laquelle chaque phénomène dans l’univers était considéré comme une manifestation des cinq éléments (wuxing) :
le bois, le feu, la terre, le métal, l’eau.

WUXING

Le concept des cinq éléments fut rapidement intégré à la théorie du yin et du yang. Les cinq éléments sont associés aux saisons, couleurs, saveurs, sentiments, climats, organes. Le cycle d’engendrement montre le processus perpétuel du mouvement universel.

«  le bois alimente le feu, les cendres
laissées par le feu nourrissent la terre,
 la terre abrite le métal,
l’eau se condense sur le métal
et l’eau hydrate le bois. »

Il existe aussi le cycle de soumission qui complète le cycle d’engendrement. Il ne s’agit pas d’un mauvais cycle mais d’une autre loi qui régit les interactions entre les éléments.

 » Le bois domine la terre 
La terre domine l’eau
L’eau domine le feu
Le feu domine métal
Le métal domine le bois. »

C’est ainsi que les lois d’acupuncture, de l’alimentation, du psychisme, entre autres, se réfèrent toujours à l’interdépendance des organes définie par ces deux cycles. Le Qi Gong entraîne le corps et l’esprit pour être en symbiose avec ces théories.

Notre explication du Qi Gong

Le QI GONG constitue la discipline traditionnelle chinoise qui a pour objet l’art de maîtriser le souffle. Le terme QI GONG, en effet, signifie littéralement « maîtrise de l’énergie » ou encore « travail du souffle », comme l’indiquent d’ailleurs les deux idéogrammes qui servent à le désigner :

QI (souffle, énergie)

GONG (travail, accomplissement).

QI : la notion de souffle ou d’énergie (ces deux termes désignent pour la pensée chinoise, une seule et même réalité) occupe une place décisive dans la cosmologie et les techniques thérapeutiques traditionnelles chinoises. Il importe de comprendre que pour les Chinois, le souffle est le principe vital par excellence, à la base de tout ce qui existe et forme l’univers.

Le Qi Gong s’est constitué comme une connaissance et une pratique ayant pour but d’acquérir la maîtrise du souffle, de l’énergie. En effet, s’il est impossible d’être, de vivre sans souffle, sans énergie, en revanche, respirer, avoir en soi de l’énergie n’est pas suffisant pour vivre bien ; il convient encore de s’exercer à maîtriser son souffle, son énergie pour être bien avec soi-même et avec le monde environnant.

Le terme GONG (prononcez «KONG» ou «KUNG») se traduit littéralement par « travail avec force et détermination ». Il évoque l’idée du travail, de maîtrise, d’accomplissement.

Quelles sont ses finalités ?

Cet art énergétique traditionnel chinois du mouvement régénérateur constitue un véritable art de vivre. En effet, les multiples possibilités qu’offre le QI-GONG permettent un travail sur soi au quotidien. Le QI-GONG à travers ses formes très diversifiés de pratique nous permet une évolution sur différents plans :

  1. Sur le plan physique, grâce à ses nombreux exercices statiques et en mouvements.
  2. Sur le plan énergétique, par l’exercice et le contrôle de la respiration et de la concentration.
  3. Au niveau du mental, par le contrôle de la pensée et la culture de l’esprit.

Les bienfaits d’une pratique régulière du QI GONG

Sa pratique régulière permet de développer le souffle interne (NEI QI) et de le faire circuler librement dans le corps, notamment à travers les méridiens d’acupuncture. Plus spécifiquement le QI GONG permet de tonifier l’organisme et de régénérer l’énergie des organes en profondeur. Il favorise et facilite une bonne circulation du sang. Sang et énergie étant les deux substances énergétiques fondamentales du corps humain, source d’équilibre de notre potentiel YIN/YANG.

Le QI-GONG ne prétend en aucun cas, se substituer à d’autres formes de médecine (au sens occidental du terme).

En effet, la vocation du QI-GONG est fondamentalement la prévention, et c’est d’ailleurs à ce niveau qu’il manifeste toute son efficacité et son originalité.

La progression du Qi Gong

1 – Première étape : Placement du corps (postures) et maîtrise des mouvements

  • Exercer les muscles et les tendons.
  • Ouvrir les articulations.
  • Stimuler les méridiens et les différentes zones de circulation de l’énergie.
  • Masser le corps et les viscères.
  • Favoriser et améliorer la circulation du sang et de l’énergie.

2 – Deuxième étape : Sentir et faire circuler l’énergie (QI) dans le corps

  • Améliorer et contrôler la respiration.
  • Apprendre à visualiser et à écouter son corps.
  • Obtenir la sensation du « QI » qui circule dans le corps, à travers les mouvements, la respiration et les zones sensibles particulièrement abondantes en énergie.
  • Acquérir l’enracinement : les différentes parties du corps sont plus axées, le pratiquant est plus centré.
  • Développer le degré de tranquillité, de calme intérieur.
  • Les mouvements sont en phase avec la respiration, le corps est harmonieux.

3 – Troisième étape : L’énergie (QI) est véhiculée par la pensée

  • Le pratiquant est en mesure d’utiliser et de faire circuler son « QI » par le contrôle de la pensée.
  • Il est également en mesure de maîtriser son mental, son attention et sa concentration sont alors très fortes. Son pouvoir de perception est éveillé.

– Dans l’exercice des attitudes (XING TI)

Les postures développent et structurent l’énergie vitale. Elles favorisent l’ouverture et l’éveil des centres « énergétiques ». Sur le plan physique, elles corrigent le corps et le renforcent.

Les mouvements : ils permettent d’ouvrir et mettre en mouvement la circulation de l’énergie dans toutes les parties du corps. Ceux-ci doivent comporter rondeur, souplesse, fluidité et harmonie, ils doivent être en phase avec la respiration.

– Dans l’exercice de la respiration (HU XI)

La respiration permet de contrôler la circulation du « QI » et le propulse dans les méridiens et ses voies de circulations.

– Dans l’exercice de la pensée ou de la concentration (YI NI)

La concentration gouverne et coordonne l’ensemble des mécanismes du QI-GONG. Sous le contrôle de la « Pensée », nous pouvons conduire le « QI » à travers le corps, équilibrer et harmoniser son flux.

Chaque principe à ici son importance et joue un rôle fondamental.

C’est l’ensemble de la conduite harmonieuse de ces mécanismes qui constitue l’art de la maîtrise de l’énergie « QI-GONG ».

Dan Tian signifie « champs de cinabre »

Petit cours de chimie ? … d’alchimie…

Le cinabre, sulfure de mercure, serait la matière première de la Pierre Philosophale. Les 3 Dan Tian seraient donc comme 3 chaudrons magiques dans lesquels l’homme fabriquerait son propre philtre d’immortalité…

Il y a trois Dan Tian. Trois centres énergétiques à travers lesquels le Qi circule et se transforme.

– Xia Dan Tian : Dan Tian inférieur, à environ deux doigts sous le nombril, ce Dan Tian est en relation avec la Terre, c’est la racine de l’être. Ce Dan Tian correspond aux fonctions de la digestion, de l’élimination et de la reproduction. Sur le plan psychologique, il correspond au sens de l’équilibre, de la stabilité. L’essence (Jing), les Reins.

L’expression « ramener le Qi vers le Dan Tian » est souvent utilisée : en début et/ou en fin de séance, l’énergie retrouve le centre et s’engrange dans le Dan Tian inférieur. C’est notre réservoir énergétique… notre batterie!

– Zhong Dan Tian : le Dan Tian moyen est situé un peu au dessus du plexus solaire. Il correspond à l’Homme. Il correspond aux fonctions vitales de la respiration, de la circulation du Qi et du sang. Il est centre d’interaction émotionnelle du corps. L’énergie vitale, les Poumons.

– Shang Dan Tian : le Dan Tian supérieur, relié au Ciel, est situé au niveau du troisième œil. Il correspond au fonctionnement du cerveau, au processus psychologique de la pensée et de la contemplation. L’Esprit (Shen), le Cœur.

Voilà, en quelques mots, le processus de raffinement énergétique pratiqué par les adeptes taoïstes:

Les 3 Dan Tian sont alignés sur un plan vertical, au centre du corps. L’énergie circule du Dan Tian inférieur vers le Dan Tian moyen et Jing l’essence énergétique ancestrale, se transforme en Qi.

Le Qi s’achemine du Dan Tian moyen vers le Dan Tian supérieur, le Qi se raffine et se transforme en Shen (énergie spirituelle). C’est à ce moment que l’adepte du Qi Gong transforme le Shen en vide (Xu).

C’est le retour à la vacuité absolue…

Les trois Réchauffeurs « San Jiao »

Trois chaudrons ou trois cuiseurs, le terme de réchauffeurs fait ici référence au métabolisme physiologique de l’organisme et s’appuie sur trois fonctions principales :

– L’apport au réchauffeur supérieur : l’oxygène (cœur, poumons)

– La transformation, au réchauffeur moyen : digestion et transformation des aliments, extraction de la quintessence de la nourriture (estomac, rate)…

– L’élimination, au réchauffeur inférieur : évacuation des liquides et des solides « impurs » (reins, vessie)…

Comme les champs de cinabre, les réchauffeurs se situent également sur trois étages, mais plus concentrés au niveau des viscères pour les fonctions physiologiques et énergétiques qui y sont associés.

 Le Yin et le Yang dans le Qi Gong

Le Qi Gong a pour but de maintenir ou de rétablir l’équilibre du Yin et du Yang. Son action agit au niveau interne sur le Sang, l’énergie, les méridiens et les organes. Il nous permet également de puiser l’énergie dans la nature, car celle-ci dispose de nombreuses sources inépuisables ; le contact externe est fondamental, car l’Homme se doit de rester en harmonie avec tous les éléments environnants de la nature pour jouir d’une vie équilibrée. Un des buts principaux du Qi Gong est de réaliser l’unité entre le microcosme et macrocosme, fondre et équilibrer son énergie avec celle de la nature.

La théorie du Yin et du Yang est rigoureusement applicable aux mouvements du corps, au cycle de la respiration, aux horaires et aux orientations, à l écoulement des saisons et enfin à la typologie de l’individu.

  1. Le Yin Yang dans la respiration

La respiration est un échange permanent entre l’interne et l’externe (microcosme et macrocosme).

Dans le cycle respiratoire, l’inspiration est dite « Yin » parce qu’elle pénètre et descend, l’expiration « Yang » parce qu’elle sort et monte. L’inspiration est fraîche, tonifiante, l’expiration est chaude, dispersante.

  1. Le Yin Yang dans le mouvement

Les mouvements Yin vont de l’extérieur vers l’intérieur, le corps recule et descend. Les mouvements Yang vont de l’intérieur vers l’extérieur, le corps avance et monte. Lorsque les bras sont tendus (Yang) les jambes sont fléchies (Yin).

  1. Le Yin Yang, l’horaire et l’orientation de la pratique

Une pratique orientée vers le Sud renforce le Yang, à l’inverse, orientée vers le Nord elle renforce le Yin.

23h-11h correspond à la progression de l’énergie Yang en phase avec le flux de l’énergie du soleil.

11h-23h, l’énergie Yang décroît au bénéfice de la phase Yin influencée par la nature et le mouvement de l’énergie de la lune.

D’une manière générale, une pratique très matinale sera plus bénéfique pour la circulation énergétique.

La circulation énergétique sera plus particulièrement ressentie depuis le bas du dos (la racine du Yang) jusqu’au sommet de la tête.

  1. Le Yin Yang et les saisons

L’automne et l’hiver sont considérées comme des saisons « Yin ».

A l’inverse, le printemps et l’été sont considérées comme des saisons « Yang ».

L’apport des énergies de chacune des saisons est important, pour que le cycle énergétique annuel soit équilibré.

La particularité énergétique de la 5ème saison

La 5éme saison, qui correspond à la fin de l’été se manifeste à chaque intersaison.

Du point de vue énergétique, toute manifestation ou transformation passe par le centre (la Terre).

Les quatre saisons tournent autour d’un pivot. Dans la pratique, il est préférable d’intercaler cette 5eme saison à la fin des saisons.

  1. Qi Gong et typologie Yin Yang de l’individu

La typologie de l’individu comporte uniquement un état Yin ou Yang prédominant. Une personne de constitution Yang dominant, aura besoin d’exercices pour nourrir le Yin et contrôler le Yang. Aucune pratique, ni méthode de Qi Gong, aussi belle, spectaculaire ou agréable soit-elle, ne pourra déroger aux grands principes du fonctionnement de l’Univers.

Car la pratique du Qi Gong, tout comme un bon nombre de techniques traditionnelles extrême-orientales ont été fondées à partir de l’observation des grands mouvements de la nature, des manifestations du cosmos, de leurs effets sur le fonctionnement interne de l’être humain.

Afin de préserver toute cette dimension dans la pratique du Qi Gong, nous devons perpétuer ces grands principes afin que tout ce qui compose cette discipline soit préservé intact.

Sourire taoïste…

Dans les temps anciens, les maîtres taoïstes enseignaient déjà que le sourire intérieur était garant d’une bonne santé, procurant bonheur et longévité. Grâce à ce sourire, une harmonie intérieure s’établit. Le cœur est calme, l’esprit est calme, nous pouvons prendre conscience de notre être et – en allant plus avant par la suite – apprendre à nous renforcer en adressant cette énergie positive à nos organes.

Selon les taoïstes, le sourire attire à nous et transmet l’énergie de l’amour et de la joie qui a le pouvoir de réchauffer et de guérir.

Cette pratique du sourire intérieur est un bon carburant pour notre moteur: pour rétablir l’activité dans les glandes et les organes et les maintenir à un haut niveau de performance, ce qui augmente la conscience de soi et la confiance en soi.

Le sourire intérieur est donc une ancienne méthode taoïste de relaxation profonde et de guérison.

Cette pratique se fait soit en position assise ou soit en position debout, les pieds bien au sol, le dos bien droit, les yeux fermés.

‘’Projetez votre propre visage qui sourit ou le sourire de quelqu’un que vous aimez devant vous et laissez entrer ce sourire dans vos yeux.’’

Pourquoi les yeux sont-ils aussi importants ?

Parce qu’ils sont reliés au Système Nerveux Autonome, lui même en connexion directe avec les organes et les glandes. C’est la partie du corps qui reçoit en premier les « signaux » émotionnels. Dans les situations de stress ou de danger, les yeux peuvent accélérer l’activité des glandes et organes.

Lorsque les yeux sont détendus, ils ralentissent leur activité.

Une journée Qi Gong idéale

Prenons le déroulement d’une journée et suivons les conseils des anciens Chinois pour conserver une bonne santé.

Le lever

Les Chinois disent «  lève-toi entre le chant du coq et le lever du soleil …
Ne dors pas trop longtemps, ne te lève pas trop tard »
Selon la théorie de « l’harmonie entre le ciel et l’homme », l’heure du lever comme celle du coucher doit  varier selon les saisons.
Au printemps, « ne pas se coucher trop tôt, mais se lever de bonne heure pour faire quelques pas dans l’air frais du petit matin »
En été, « se coucher assez tard et se lever avec le soleil »
En automne, « se mettre au lit plus tôt et se réveiller au chant du coq. »
En hiver, « se coucher plus tôt et attendre la lumière du jour pour se lever. »
Au printemps et en été, le sommeil peut-être plus court, car c’est le principe yang qui domine et un court sommeil lui est favorable. En automne et en hiver, le sommeil doit être long et il vaut mieux attendre le soleil pour se lever afin de protéger le principe yin.
Surtout ne pas changer sans cesse ses heures de lever et de coucher.

On recommande de faire des massages au moment du réveil afin de stimuler la circulation de l’énergie vitale. Frotter vos mains pour réchauffer les paumes. « La tête est le lieu de rencontres des méridiens yang, masser doucement le visage permet donc d’élever la résistance au froid. » puis le corps. On peut s’étirer doucement et bouger les membres.
Ensuite on peut se lever.

La matinée

Avant ou après le petit déjeuner, les Chinois préconisent une petite promenade :
« L’exercice de la marche détendue, sans souci, harmonise naturellement les quatre membres du corps. Si on y ajoute une bonne humeur, elle stimule la circulation du sang et du qi.
Une petite promenade permet aux articulations de conserver leur souplesse et renforce les muscles. ». La détente de tout le corps est un préalable important pour donner à la promenade toute son efficacité. La promenade demande encore d’être dans un état de tranquillité.
La promenade dans la matinée peut prendre plusieurs formes : marcher à pied pour aller au travail, chercher son pain, aller voir un ami, promener son chien. Il est conseillé de se promener au moins une fois par jour, le meilleur moment étant à la fraîcheur matinale.
La promenade digestive est aussi très bénéfique comme dit le dicton «  Faire cent pas après le repas, c’est la garantie de vivre longtemps ».

La promenade peut être suivie par des exercices corporels (qi gong, daoyin,) pour assouplir, renforcer, réveiller notre corps. Ces exercices ne doivent pas amener de fatigue excessive mais simplement détendre, bouger, se concentrer, calmer l’esprit.

Ce réveil matinal permet de commencer la journée avec un plein de vitalité.
Pour ceux qui on du temps libre, les Anciens préconisent de pratiquer des loisirs ou passe temps créatifs et de distraction (couture, broderie, lecture, encadrement, élevage de poissons, jeu de cartes, pêche, jardinage, peinture, sports….)

 Le midi

Le repas du midi est important. Il sera plus ou moins copieux en fonction des deux autres repas de la journée. La digestion commence dans la bouche : « la salive agit avec trente seconde de mastication ».Le choix de la nourriture est capitale. Pour les Chinois, les aliments peuvent être classés suivant leur énergie propre (jing). Ils sont classés yin (froids) ou yang (chauds) et suivant leur saveur : acide, salée, amère, âpre, piquante ,douce. On classe aussi les aliments suivants leur valeur énergétique en rapport avec les organes. Ceci est très complexe et difficile à mettre en place au quotidien. Une règle très simple pour choisir de bons aliments :
1.un aliment fraîchement récolté de son lieu de croissance,
2.un lieu de croissance proche du lieu de vie de celui qui le consomme,
3.une période de production, de récolte et de consommation en correspondance directe avec la nature de l’aliment.

La nourriture est une affaire de goût. Répartir sur les trois repas le maximum de fruits et de légumes est un gage de bonne santé : « un petit morceau de gingembre et une banane par jour en hiver combattra la fatigue et aidera l’élimination »

L’après midi

Au travail ou chez soi, il ne faut pas oublier les petits efforts physiques :
Le médecin Su Simiao dans son recueil les meilleures ordonnances écrivait ceci :
«  Qui veut se maintenir en bonne santé doit faire souvent de petits efforts physiques, sans aller au-delà de ses forces ».
Les petits efforts se divisent en deux grands groupes : les gestes de la vie ordinaire et les exercices spécifiques :
Cao Tingdong qui vécut sous la dynastie des Qing dit dans ses maximes de Longévité : «  Passer un chiffon sur les meubles, nettoyer son encrier, allumer de l’encens, préparer le thé, arranger les fleurs dans un pot, etc, il est bon de faire cela soi-même pour assouplir les articulations et stimuler la circulation du sang, car les charnières immobiles rouillent et l’eau stagnante se corrompt ».Comme le dit la sagesse populaire :
« le mouvement ralentit la vieillesse ».
Les petits exercices physiques spécifiques peuvent se trouver dans les Qi gong. On effectue des « petits gestes » qui stimule les quatre membres.
Mouvements de bras
Mouvements de la tête
Mouvements de la taille et des hanches
Mouvements des mains.
La médecine traditionnelle chinoise considère les membres comme les sources yang et les départs des méridiens yang. La rate commande les membres, ceux ci par le système des méridiens ont des rapports étroits avec le système digestif.
La série « ba duan jin » est idéale pour les « petits efforts de l’après midi ».

La soirée

La fin de la journée est un moment propice pour flâner et pratiquer des activités distrayantes.
Vers 18h, le corps commence à se préparer pour le dîner, il est déconseillé de pratiquer des activités physiques intenses avant le coucher. La médecine traditionnelle chinoise estime que l’esprit s’endort dans le calme : «  le sommeil du cœur ». Pour le Chinois, le cœur est lié à l’esprit. Les Anciens disent : «  le cœur s’endort le premier ».Il ne faut pas exciter le système nerveux mais essayer d’établir un calme intérieur.

Cette description d’une journée est un emploi du temps idéal. Dans notre monde moderne, il est difficile de vivre son propre rythme, le travail et la famille nous dictent notre emploi du temps. Consacrer des petits instants pour se ressourcer, se calmer, se distraire permet un rééquilibrage interne. Les excès nuisent au corps et à l’esprit. Des instants de joie et de bonheur dans une journée permettent d’accepter les moments difficiles avec sérénité.